C'était un appel anonyme, une voix masquée au bout du fil. "On m'a dit d'aller récupérer un paquet sous ma voiture. Je savais très bien ce que c'était", confie, en larmes, une trentenaire jugée mercredi par le tribunal correctionnel de Bourges.

Poursuivie pour détention non autorisée de stupéfiants et remise irrégulière d'objet à un détenu, la jeune femme a reconnu avoir transmis, en avril dernier, un colis contenant cinquante grammes de cannabis et deux grammes de cocaïne à son compagnon incarcéré à la maison d'arrêt du Bordiot. Une livraison illicite qui s'est soldée par une fouille au retour du parloir, permettant aux surveillants de découvrir les stupéfiants en possession du détenu.

"On m'a dit que je devais remettre le paquet à un gars", déclare sobrement l'ex-prisonnier, également jugé pour détention de stupéfiants et recel de bien provenant d'un délit. Il refuse cependant de révéler l'identité du destinataire, par crainte de représailles.

En pleurs à la barre, la prévenue tente de justifier son geste : "Je n'ai pas réfléchi, je voulais protéger mon fils. Ils connaissaient mon adresse, l'immatriculation de ma voiture." Si le parquet reconnaît la possibilité de menaces, aucun élément ne vient l'attester, notamment l'absence de plainte déposée au commissariat.

L'avocate de la défense, Me Coralie Monicault, plaide une dispense de peine pour sa cliente : "Dans la vie réelle, quand on est menacé, on ne porte pas plainte parce qu'on a peur", rétorque-t-elle au parquet, qui avait requis 800 euros d'amende et six mois de prison sous bracelet électronique.

Le tribunal a finalement condamné la jeune femme à trois mois de prison avec sursis simple, écartant toute sanction financière afin de ne pas obérer son salaire. Son compagnon, quant à lui, devra purger une peine de cinq mois sous bracelet électronique.

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