Justice : procès sous haute tension : tentative de meurtre ou violences volontaires ?

Le procès de l’homme accusé d’avoir tiré sur Sébastien Péras, maire d’Ourouer-les-Bourdelins, s’est tenu ce mardi 18 octobre 2022. La cour d’assises devait trancher sur une question cruciale : s’agit-il d’une tentative de meurtre ou de violences volontaires avec arme ?
Une accusation sans équivoque
Pour la partie civile, représentée par Me Eugène Bangoura, le doute n’est pas permis : « La tentative de meurtre est évidente. » L’avocat s’appuie sur les faits : le jour du drame, alors qu’il travaillait dans un champ sur son tracteur, le maire a été pris pour cible. L’accusé aurait épaulé son arme, visé et tiré. « Épauler, c’est guider, c’est choisir une cible, c’est donner toutes les chances d’atteindre la cible à 34 mètres », a-t-il martelé devant les jurés. Me Bangoura insiste sur la dangerosité d’un homme qu’il décrit comme « un bloc de granit », figé dans une colère tenace.
Une défense qui plaide pour la requalification
Face à ces accusations lourdes, la défense, portée par Me Sandrine Barré, refuse de voir en son client un meurtrier. Pour elle, il s’agit de violences volontaires avec arme, mais pas d’une tentative d’homicide. « Il voulait juste que l’agriculteur s’arrête pour parler », soutient-elle. L’avocate s’attache à dresser le portrait d’un homme isolé, retranché dans un quotidien étroit, en proie à l’indifférence et au mépris de son entourage. Selon elle, son client ne cherchait pas à tuer, mais à effrayer : « Il n’a jamais dit “je voulais le tuer”, il a dit “je voulais lui faire peur”. »
L’expertise balistique au cœur des débats
Les débats se sont cristallisés autour du rapport balistique. L’expert est catégorique : il s’agit d’un tir direct, la bouche du canon était dirigée vers le tracteur. Pour Me Bangoura, cela ne laisse aucun doute sur l’intention criminelle de l’accusé. Il soutient que seul un ricochet providentiel a sauvé la vie du maire. En face, Me Barré réplique que son client n’a pris aucune précaution pour masquer son acte, ce qui, selon elle, prouve qu’il ne s’agissait pas d’un guet-apens.
Une décision attendue
Avant de se retirer pour délibérer, les jurés ont entendu une dernière fois l’accusé. « Je ne suis pas un tueur, je n’ai jamais voulu le tuer », a-t-il affirmé. Me Barré a exhorté les jurés à répondre non à la question de la tentative de meurtre et à se concentrer sur les violences volontaires. Une manière d’éviter une condamnation à quinze ans de réclusion criminelle.
Le verdict est attendu en fin de journée et viendra clore ce procès marqué par de vifs affrontements judiciaires et des enjeux majeurs pour l’accusé.