Finance

Alors que l’attention se porte souvent sur la Pyramide, c’est en réalité la salle Aurore qui pèse lourdement sur les finances de Saint-Amand-Montrond. C’est le constat dressé par le maire Emmanuel Riotte, lors de ses vœux du 7 janvier dernier, prononcés dans cette même salle.
"Nous subissons encore aujourd’hui des montages juridiques hasardeux réalisés il y a seize ans", a-t-il martelé, rappelant que la facture de la salle Aurore atteint 10 millions d’euros, contre un coût net de 6,2 millions pour la Pyramide, inaugurée quelques années auparavant. Face à cette situation, la municipalité tente d'agir juridiquement.
Un montage financier complexe
Philippe Marme, adjoint aux finances, est revenu sur l’historique de cette salle qui accueille chaque année divers événements, dont la Biennale des métiers d’art et le Salon du pin’s.
La décision de construire cet espace multiservice, situé sur un terrain municipal, remonte à 2005. La Ville avait alors opté pour une maîtrise d’ouvrage privée, avec un bail emphytéotique administratif (BEA) signé en 2006 pour une durée de trente ans. Un montage que l’adjoint qualifie aujourd’hui "d’usine à gaz".
Inaugurée en 2008, la salle Aurore devait compléter la Pyramide en proposant plus de 300 places assises pour des congrès et événements. Mais son coût s’est envolé : la Ville verse un loyer annuel de 274.685 € au bailleur de fonds, à un taux fixe de 5,54 %, pour un coût de construction final de 3,8 millions d’euros toutes taxes comprises.
En 2012, les loyers ont été imputés en charges de gestion, et dès 2013, le bâtiment a été intégré au patrimoine municipal, entraînant une récupération de TVA mais aussi une dette supplémentaire pour la collectivité.
Des recettes insuffisantes
En 2024, la salle a été louée 135 jours, générant seulement 26.113 € de recettes, bien loin de compenser le coût annuel de 338.000 €. "Pour être rentables, il faudrait louer à 7.000 € la semaine, ce qui est inenvisageable", souligne Philippe Marme.
Malgré cette charge financière, l’adjoint aux finances se veut rassurant : la situation ne compromet pas les investissements municipaux. La Ville explore actuellement des solutions juridiques et a mandaté des avocats spécialisés pour tenter de sortir de cet imbroglio financier.
(Photo Facebook ville de Saint Amand Montrond)