Les foires d'Orval : un pan d’histoire à redécouvrir

Saint Amand Montrond

Institution séculaire de l’Amandois, les foires d’Orval rythment chaque automne avec leur grand déballage et leur fête foraine. Si leur première édition connue remonte à 1431, certains historiens estiment que leur origine pourrait être encore plus ancienne, remontant peut-être au XIIIe siècle.

Afin de retracer cette longue histoire, la ville de Saint-Amand-Montrond missionne Luc Martin, spécialiste du patrimoine local, pour organiser une exposition dédiée à cet événement emblématique. Pour enrichir cette rétrospective, il lance un appel aux habitants : tout objet, photographie ou témoignage lié aux foires est le bienvenu. Une permanence est organisée ce jeudi 6 février, de 15 h à 20 h, salle des actes de la mairie, afin de recueillir ces précieuses contributions.

Des traditions séculaires et des anecdotes marquantes

Luc Martin rappelle que l’aspect festif des foires s’est particulièrement développé au XIXe siècle, avec l’essor des manèges et attractions populaires : "Les cris-cris, les chenilles ou encore les autos tamponnantes – à l’origine en bois – ont marqué des générations." Il évoque également l’installation d’un ballon captif autour de 1870-72, une attraction impressionnante pour l’époque.

L’historien met en lumière certaines traditions oubliées, comme le "jeudi des dames", instauré sous la Troisième République pour permettre aux femmes et aux enfants de profiter des manèges. "Il y avait aussi des baraques de curiosités avec des phénomènes humains, des cabarets itinérants où des dames se dévêtaient, ou encore des stands d’arnaques comme ‘La Belle Américaine nue dans son bain’, qui s’avérait être… une simple pomme de terre dans un verre d’eau", sourit-il.

Un carrefour commercial d’envergure

Au-delà de l’aspect festif, les foires d’Orval ont longtemps constitué un rendez-vous économique majeur. "Elles attiraient des marchands de toute la France, voire d’Italie, et les visiteurs venaient parfois de plus de 50 kilomètres à la ronde", souligne Luc Martin. Avant l’essor du commerce moderne, ces rassemblements étaient incontournables pour s’approvisionner en biens divers. "Il fallait alors quatorze heures pour rallier Bourges en voiture à malle !"

L’événement était également un marché aux bestiaux d’importance, avec des milliers d’animaux convergeant vers Saint-Amand-Montrond. "Les éleveurs pouvaient marcher plusieurs jours pour venir vendre leurs chevaux, bovins ou oies, et certains restaient même au-delà de la durée officielle des foires pour conclure leurs ventes."

Des témoignages inédits recherchés

Si les documents d’archives sont rares, les souvenirs transmis de génération en génération sont précieux. Luc Martin espère recueillir des récits et photographies méconnus. "J’ai par exemple le témoignage d’un forain de 95 ans, qui se souvient avoir comblé des trous avec de la terre contenant des ossements humains. C’était en 1944, sur un ancien cimetière, après que la ville ait été reprise par les Allemands", raconte-t-il.

Des clichés sous verre montrent aussi des parades d’éléphants appartenant aux cirques itinérants de l’époque. "Nous avons très peu de cartes postales sur ces événements. Peut-être que certaines familles en possèdent encore", espère-t-il.

Grâce à la mobilisation des habitants, cette exposition promet de faire revivre un pan méconnu de l’histoire locale et de célébrer la mémoire des foires d’Orval, toujours bien ancrées dans le patrimoine amandois.

(Photo Berry FM)

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